Je ne vais pas parler de :
- Le Garçon et le Monde (Brésil, 2013)
- Le Garçon et la Bête (Japon, 2015)
- Le Garçon et le Héron (Japon, 2023)
Mais bien de : 君たちはどう生きるか, le dernier Miyazaki.
Adapté d’un roman de Genzaburo Yoshino (1937) où l’auteur souhaitait rappeler aux jeunes Japonais l’importance de l’humanisme, des arts et science, et de penser par soi-même, dans un contexte de militarisation du Japon.
Quelle attente ! Je pense en avoir entendu parler dès 2017, il était initialement attendu pour les JO de Tokyo 2020, mais finalement 2023. Quand j’étais au Japon en 2018 il y avait une grande pub pour la réédition du roman original, mais je n’avais pas compris de quoi il s’agissait. Vers 2020 je me suis mis à attendre sa traduction anglaise avec impatience, qui est arrivée vers avril 2021. En 2023 la version française du roman était en rupture de stock, et j’ai commandé au Japon une édition anglaise vendue en Inde.
J’ai beaucoup apprécié la lecture du roman original, sous la forme d’une petite histoire et d’une correspondance entre un oncle et un neveu qui n’a pas beaucoup connu son père. Je pense que par sa jeune cible, le roman peut aussi permettre aux lecteurs de mieux comprendre des traits caractéristiques de la culture japonaise comme l’honneur (avoir honte, demander pardon), ou bien いただきます.
Le film en soi fait penser à de nombreuses autres œuvres de Miyazaki (Le Vent se lève, Ponyo, Princesse Mononoké, Le Château ambulant, Le Voyage de Chihiro) et a également de nombreuses références dans la culture japonaise que seul quelqu’un comme ehoba peut remarquer. Si vous voulez connaître la complexité de nombreuses références dans ce film (seulement si vous l’avez déjà vu), je vous renvoie au blog post de ehoba.
Ça m’a fait bizarre d’apprendre que Toshio Suzuki racontait partout qu’il était le Héron, que le garçon Mahito était Miyazaki, que le grand oncle était Takahata. On dirait que Miyazaki de son côté a surtout admis le dernier point (le film était initialement un hommage à Takahata, mais Takahata est décédé en 2018 pendant la conception du film) et qu’il était le capitaine canard1.
Ma scène préférée, c’est l’arc sur la mer. C’est magnifiquement composé, et les âmes qui regagnent le monde réel, ça m’a fait beaucoup penser à Soul, un Pixar qui il me semble est un peu passé inaperçu pendant la pandémie2.
Dans le film, Mahito lit le livre 君たちはどう生きるか (1937), laissé par sa mère (on peut penser que c’était également le cas pour Miyazaki), et est ému. C’est quasiment la seule référence au livre dans le film, à part bien sûr son message principal : et vous, comment déciderez-vous de mener votre vie ?
Fun fact. C’est probablement le film le plus cher jamais réalisé de l’histoire du Japon (sauf si vous comptez The Super Mario Bros Movie, coproduction américaine-Shigeru Miyamoto). Avant, c’était Le Conte de la princesse Kaguya d’Isao Takahata, aussi un Ghibli (5,15 milliards de yens ~ 49,3 millions de dollars, 7 ans de production). Mais Toshio Suzuki a reconnu que ce dernier Miyazaki avait coûté plus cher. C’est probablement pour ça qu’ils ne souhaitaient pas dépenser encore plus pour la communication du film. On ne sait pas combien ça a coûté, mais ça fait une petite fourchette [49,3M$, 168M$].
À propos des Oscars 2024. Désolé je ne sais pas où mettre cet encart donc ce sera ici.
- Hayao Miyazaki ne s’est pas présenté pour la statuette ; pour Chihiro il avait dit que c’était à cause de la guerre en Irak. Il y a quand même eu une conférence de presse suite au prix.
- Godzilla Minus One a eu le prix des effets spéciaux. C’est dans le contexte des bombardements de 1945, comme le film favori des Oscars. Le réalisateur Takashi Yamazaki est connu pour caresser les patriotes dans le sens du poil.
- Wes Anderson a eu son premier Oscar, mais dans la catégorie court métrage en prises de vues réelles. Il n’est pas allé le récupérer, probablement parce que Asteroid City n’a pas été nommé.
- J’ai appris que Tom Wilkinson est décédé fin 2023 dans l’indifférence.